La revue française
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Thème 1: Macroéconomie
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont joué un rôle essentiel dans la croissance du PIB français, qui a augmenté de 0,4 % au troisième trimestre par rapport au précédent, selon le rapport de l’INSEE d’octobre.
Cet "effet olympique" a stimulé la consommation des ménages, une composante représentant 70 % du PIB, qui a progressé de 0,5 % après être restée stable au deuxième trimestre, principalement grâce aux dépenses dans les services récréatifs pendant les Jeux. Les importations ont chuté de 0,7 % après une légère augmentation au deuxième trimestre, dépassant ainsi la baisse de 0,5 % des exportations. La balance commerciale contribue donc positivement à la croissance du PIB.
Cependant, certains défis économiques dans d'autres secteurs pèsent négativement, comme les investissements, en baisse en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale.
L'économie française devrait enregistrer une croissance nulle au quatrième trimestre 2024, après une croissance annuelle de 1,1 % à la fin du troisième trimestre, conforme à la prévision gouvernementale. L'INSEE a légèrement révisé la croissance du premier trimestre à 0,2 %, contre 0,3 % initialement estimé, principalement en raison d’un effet d'arrondi. La prévision globale de croissance pour l'année reste inchangée, avec un quatrième trimestre attendu sans progression supplémentaire.
Pour 2025, les perspectives de croissance devraient s’améliorer, portées par un retour de la consommation intérieure soutenue par une baisse de l’inflation. Toutefois, il est possible que des événements annexes, comme les politiques tarifaires de Donald Trump, menacent les exportations françaises, fortement dépendantes des États-Unis. Certains secteurs pourraient être plus touchés par le retour des républicains à la Maison-Blanche, notamment l’aérospatiale, les boissons et les produits pharmaceutiques, qui représentent une part importante des exportations françaises vers les États-Unis.
Thème 2: Fixed Income
La semaine suivant la réélection de Donald Trump, le 5 novembre 2024, les rendements des obligations d'État françaises ont chuté sur plusieurs maturités clés : -12 points de base (bp) à 1 an, -16 bp à 2 ans, -8 bp à 5 ans, -4 bp à 10 ans, et -3 bp à 30 ans. Cette baisse contraste avec les périodes post-électorales de 2016 et 2020, marquées par une hausse des rendements en raison d'attentes politiques différentes.
Cette évolution reflète les attentes des marchés concernant l'économie américaine sous Trump, qui diffèrent de celles du mandat de Biden. Biden avait adopté une approche visant à réduire les inégalités, stabilisant le taux de croissance autour de 2 %. En revanche, les investisseurs anticipent sous Trump des politiques de relance fiscale, incluant des réductions d'impôts et des tarifs douaniers de 10 à 20 % sur l’UE. Cela a renforcé le dollar, passé de 1,09 la veille de l’élection à 1,06 le 13 novembre.
En conséquence, les investisseurs européens se sont tournés vers des actifs refuges, comme les obligations d’État françaises. Cette hausse de la demande, traduisant une confiance accrue des investisseurs, a fait baisser les rendements.
Les obligations à court terme, plus sensibles aux risques immédiats, ont enregistré des baisses significatives : -12 bp à 1 an et -16 bp à 2 ans. La baisse à 1 an est cependant moins marquée, car la mise en œuvre des nouvelles politiques prend du temps, impactant moins les obligations de très courte durée.
En revanche, les rendements à long terme sont restés plus stables, freinés par des inquiétudes liées à l’inflation et aux taux à long terme, ainsi que par les politiques accommodantes de la BCE. Cette dernière prévoit de réduire les taux d’intérêt de 25 bp d’ici mi-décembre.
Thème 3: Marché des actions
Le CAC 40 a enregistré des baisses notables dans plusieurs secteurs clés à la suite de l’élection présidentielle américaine. L’impact négatif observé sur le marché boursier français semble provenir de l'appréhension des investisseurs face aux possibles changements de la politique commerciale américaine, avec des tarifs et d’autres mesures protectionnistes qui pourraient perturber les relations commerciales entre la France et les États-Unis, le troisième partenaire d’exportations commerciales de la France.
La Bourse de Paris a déjà souffert d'une baisse notable, le CAC 40 chutant de 1,29 % à 7 294,84 depuis le 5 novembre. La baisse du secteur du luxe a eu un impact majeur, avec Kering chutant de près de 8 %, et Hermès, LVMH et L'Oréal perdant plus de 3 %. Le secteur des biens de consommation, sensible aux barrières commerciales, a également baissé de 2,44 % sur la même période.
Des restrictions sur les flux de capitaux ou des coûts supplémentaires sur les transactions transfrontalières pourraient réduire les marges des entreprises. En conséquence, si les revenus des entreprises diminuent, les inquiétudes se propagent à d'autres secteurs, entraînant une baisse de 3,43 % du secteur financier.
Dans l’ensemble, l’élection de Trump semble avoir introduit des incertitudes pour les marchés français, avec des préoccupations concernant les perturbations possibles du commerce international et des changements réglementaires susceptibles d’impacter les secteurs clés dépendant d’un marché mondial stable. Cela soulignent l’interconnexion des économies américaine et européenne, ainsi que l'impact que les changements de politique commerciale américaine peuvent avoir sur le marché français.
Thème 4: Marché des changes
Après la réélection de Donald Trump, la paire USD/EUR est passée sous la barre de 1,07, atteignant son plus bas niveau des quatre derniers mois. Cette baisse reflète la divergence entre l’Europe et les États-Unis, alors que le nouveau président prévoit des politiques protectionnistes fragilisant l’euro.
En France, les risques politiques et le recul de la production industrielle réduisent l’attractivité de l’euro pour les investisseurs. À l’approche de la prochaine réunion de la BCE, les marchés s’attendent à une nouvelle baisse des taux de 25 points de base, visant à stimuler une économie en ralentissement. Cependant, cette mesure pourrait affaiblir davantage l’euro en rendant les investissements en zone euro moins intéressants.
Les États-Unis, qui représentent 7,5 % des importations et exportations françaises (données de septembre 2024), pourraient imposer de nouveaux tarifs douaniers dans le cadre des politiques protectionnistes de Trump. Ces mesures affecteraient particulièrement des secteurs comme l’aéronautique et le spatial (20,6 % des exportations vers les États-Unis), les boissons (9,4 %) et les produits pharmaceutiques (7,7 %).
Cependant, ces inquiétudes peuvent être relativisées à moyen et long terme. Si les exportations américaines deviennent plus coûteuses, leur compétitivité sur le marché mondial pourrait en souffrir. De plus, une pression présidentielle pour un assouplissement quantitatif pourrait affaiblir le dollar, entraînant une hausse des attentes inflationnistes aux États-Unis.
À court terme, l’euro reste menacé par des facteurs européens et américains. Les barrières commerciales et les tensions géopolitiques augmentent la probabilité d’une parité entre l’euro et le dollar dans les mois à venir. Toutefois, à long terme, ces tensions pourraient affaiblir le dollar, offrant une perspective plus équilibrée pour l’euro.
Thème 5: Crédit
Si l'euro est impacté par les élections, il est naturel que le marché du crédit reflète également cette tendance. Le graphique ci-contre montre la réaction quasi immédiate du marché du crédit aux événements marquants. Cette réaction se manifeste souvent avec un décalage de 15 jours, comme ce fut le cas lors de la dégradation de la note souveraine de la France par S&P, entraînant une hausse de 22 points de base (bp) des rendements en seulement cinq jours.
Les données les plus récentes révèlent une baisse significative des rendements, due à la baisse continue de l’inflation en France. Celle-ci est passée sous le taux cible depuis août (1,83 %), pour atteindre 1,2 % aujourd’hui. Par ailleurs, la BCE poursuit des politiques monétaires accommodantes afin de compenser les faibles taux de croissance des grandes économies européennes, comme la France (+0,4 % au T3 2024) et l’Allemagne (+0,2 %).
Les élections ayant accru la volatilité des marchés, les investisseurs se tournent vers des actifs plus sûrs, donnant un avantage compétitif aux obligations bancaires françaises, considérées comme des valeurs refuges. Ainsi, le 5 novembre, le rendement des obligations bancaires s’élevait à environ 3,5 %, mais a chuté de 20 bp pour atteindre un niveau plus bas au 11 novembre.
Cependant, l’appréciation du dollar pourrait réduire l’attractivité des obligations bancaires françaises pour les investisseurs étrangers. Elle pourrait également augmenter les risques pour les entreprises françaises exposées aux tarifs douaniers américains, ce qui pourrait affecter leur capacité à honorer leurs dettes. Cette tendance ne devrait toutefois devenir visible qu’après la mise en œuvre des politiques protectionnistes républicaines, attendue à partir du 20 janvier 2025.