La revue française
Macro
Ce graphique illustre l’évolution du PMI manufacturier en France, un indicateur clé de la santé du secteur. Un PMI supérieur à 50 signale une expansion, tandis qu’une valeur inférieure à 50 indique une contraction. Depuis janvier 2023, le PMI manufacturier français est resté en contraction, reflétant des défis persistants tels que les contraintes sur le marché du travail, avec 65 % des entreprises manufacturières signalant des difficultés de recrutement (INSEE) au premier trimestre 2023, ainsi que le coût élevé de l’emprunt, conséquence des hausses de taux de la BCE.
En décembre 2024, le PMI manufacturier français est tombé à 41,9, son niveau le plus bas depuis mai 2020. Cette forte baisse a été entraînée par une chute importante de la demande, provoquant une diminution marquée de l’indice des nouvelles commandes, qui s’est replié à 36,5 en décembre.
Cependant, janvier 2025 a apporté des signes de stabilisation. Le PMI est remonté à 45,0, contre 41,9 en décembre, atteignant un plus haut de sept mois et signalant un rythme de contraction plus lent. En février 2025, le PMI a encore progressé à 45,5, indiquant la plus faible contraction depuis neuf mois. Cette hausse consécutive suggère une reprise progressive du secteur manufacturier, avec des conditions en amélioration qui pourraient favoriser une stabilisation plus durable dans les mois à venir.
FX
Depuis la victoire électorale de Donald Trump le 5 novembre 2024, le taux de change EUR/USD a connu une forte volatilité, chutant d'abord brusquement avant de se redresser fortement ces dernières semaines. L’euro est passé de 1,09 $ à 1,04 $ en quelques semaines après l'élection, sous l'effet des attentes selon lesquelles les politiques de Trump favoriseraient la croissance américaine, notamment à travers un mélange pro-dollar de stimulants fiscaux, de réductions d'impôts et de mesures protectionnistes en matière de commerce.
Par ailleurs, la Réserve fédérale a interrompu les baisses de taux en raison des préoccupations liées à l’inflation, tandis que la Banque centrale européenne (BCE) a réduit agressivement ses taux, passant de 4,0 % à 2,5 % pour contrer le ralentissement de la croissance en Europe. Cet écart croissant des taux d'intérêt a favorisé le dollar, entraînant l’EUR/USD à un plus bas de plusieurs années à 1,02 $, les investisseurs recherchant des rendements plus élevés sur les actifs américains.
Cependant, ces dernières semaines, l’euro s’est envolé, remontant près de 1,09 $. Ce rebond a été alimenté par un regain d’optimisme quant à la reprise économique européenne, porté par le plan de relance budgétaire de l’Allemagne, qui prévoit 500 milliards d’euros d’investissements dans les infrastructures et la défense, ainsi que par les craintes que les politiques commerciales agressives de Trump ne freinent la croissance américaine. En conséquence, les investisseurs ont réévalué la solidité du dollar, entraînant un changement de sentiment de marché en faveur de l’euro.
Equity
Le CAC 40 et les principaux indices européens ont affiché une forte croissance début 2025, surperformant nettement le S&P 500. Fin janvier, le CAC 40 a atteint 7 950 points, enregistrant une hausse de 7,7 % depuis le début de l’année, contre une progression plus modeste de 2,7 % pour le S&P 500. À la mi-mars, le CAC 40 a maintenu son ascension avec une croissance annuelle de 7,15 %, tandis que le S&P 500 a baissé de 4,8 %. Ce déplacement de capital vers les actions européennes a été alimenté par les inquiétudes des investisseurs concernant l’impact économique des tarifs douaniers annoncés par Donald Trump sur les principaux partenaires commerciaux des États-Unis.
L’un des principaux moteurs de la performance du Cac a été le secteur financier, avec de fortes hausses des actions de Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole. Société Générale a bondi de 60.0 %, tandis que BNP Paribas et Crédit Agricole ont progressé de 36.7 % et 30.2 %. Cette dynamique a été soutenue par un environnement de taux plus favorable, des réductions de coûts stratégiques et une solide croissance des bénéfices.
L’environnement économique européen a également favorisé la progression du CAC 40. Les investisseurs ont été attirés par des valorisations plus attractives que celles des actions américaines. Par ailleurs, l’espoir d’une fin du conflit en Ukraine, avec ses effets économiques positifs tels que les dépenses de reconstruction et la reprise des flux de gaz russe, a alimenté l’optimisme. Enfin, des indicateurs économiques solides, notamment le rebond du PMI et la hausse des fusions et acquisitions, ont renforcé la résilience économique de la région.
Credit
2025 semble témoigner d'une amélioration du risque perçu en France. Les CDS (Credit Default Swaps) servent de garantie contre le défaut d’un emprunteur ou d’un instrument de dette sous-jacent. Des taux de CDS élevés indiquent un risque accru, souvent lié à une instabilité politique, une détérioration des conditions économiques, des préoccupations croissantes sur la dette et un stress global sur les marchés.
Depuis mi-janvier, le taux des CDS à 5 ans a baissé de 41 bps à 35bps, entraîné par une combinaison de facteurs qui témoignent d’une amélioration des conditions économiques en France. Le CAC 40 a débuté l'année avec une performance notable de près de 9 % YTD, contre 3% pour le S&P 500 et presque 8% pour le FTSE 100 le PIB au T4 2024 a augmenté de 0,7 % par rapport à l’année précédente, et l’IPC est resté stable en janvier à 1,4 % sur un an, tout en enregistrant une baisse de 0,1 % depuis décembre.
Si la publication de ces résultats montre une évolution positive par rapport à l’an dernier, la confiance générale s’est également renforcée avec l'approbation du budget de François Bayrou, qui stabilise enfin les conditions politiques.
Malgré la proactivité de Donald Trump depuis sa prise de fonction le 20 janvier, la France reste pour l’instant résiliente et se prépare à réagir aux pressions d’une guerre commerciale avec les États-Unis.
Fixed Income
Ce graphique met en évidence la divergence des attentes en matière de taux d'intérêt entre la zone euro et les États-Unis. Les contrats à terme sur l'ESTR (ligne rouge), qui reflètent les anticipations du marché concernant le taux directeur de la BCE, sont passés de 2,3 % il y a un an à 2,0 %, signalant des attentes de nouvelles baisses de taux. Pendant ce temps, les contrats à terme sur les Fed Funds (ligne bleue) indiquent que les taux américains devraient augmenter à 3,6 %, contre 3,4 % un an plus tôt, reflétant la politique monétaire toujours restrictive de la Fed.
Pour le marché obligataire français, ces tendances sont essentielles. Des taux attendus plus bas de la BCE soutiennent la demande pour les obligations d'État françaises (OATs), les investisseurs cherchant à verrouiller les rendements actuels avant leur baisse. Toutefois, depuis le début de l'année, le rendement des OATs à 10 ans est passé de 3,2 % à 3,6 % en mars, tandis que celui des OATs à 30 ans a grimpé de 3,7 % à 4,1 %. Ces rendements élevés s'expliquent par les inquiétudes concernant l'augmentation de la dette publique française, qui a atteint 112 % du PIB, ainsi qu'un déficit budgétaire de 6,1 %, bien au-dessus de l'objectif de 3 % fixé par l'UE.
Cette situation met en évidence les défis auxquels la France est confrontée sur le marché de la dette. Malgré des anticipations de baisses de taux de la BCE, la montée des rendements français traduit la méfiance des investisseurs face aux déséquilibres budgétaires du pays.