La revue française
Thème 1: Macroéconomie
Le vieillissement de la population en France pose des défis majeurs d’un point de vue macroéconomique, menaçant la croissance économique à long terme. Le graphique ci-dessus montre l'évolution de la population française de 2023 aux projections pour 2050, pour tous les groupes d'âge. D’ici 2050, près de 30 % de la population française devrait être âgée de plus de 60 ans, une augmentation de 21% par rapport à 2023.
Une population vieillissante réduit le taux de participation au marché du travail, actuellement estimé à environ 62 % selon l’OCDE. Avec moins de travailleurs, la productivité doit compenser pour maintenir les niveaux de production, mais la croissance de la productivité en France stagne à environ 0,5 % par an depuis 2015.
Le vieillissement de la population exerce également une pression sur les finances publiques. Le ratio de dépendance, qui mesure la proportion des personnes inactives (jeunes et âgées) par rapport à celles en âge de travailler, devrait passer de 63 dépendants pour 100 actifs en 2023 à près de 85 d’ici 2050, selon le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies. Ce changement démographique accroît considérablement le poids sur les systèmes de sécurité sociale. La France consacre déjà environ 13 % de son PIB aux pensions de retraite, l’un des taux les plus élevés de l’OCDE. Sans réformes substantielles, ces coûts devraient augmenter, aggravant les déficits budgétaires. En 2023, la dette publique générale de la France s’élevait à près de 112 % du PIB ; des augmentations durables des dépenses liées au vieillissement pourraient faire grimper ce chiffre à des niveaux insoutenables, mettant en péril les finances publiques.
Thème 2: Fixed Income
La prochaine réunion de politique monétaire de la BCE est prévue pour le 30 janvier 2025. Ce graphique analyse les contrats à terme sur les taux à court terme de l'euro (€STR) en tant que baromètre des attentes du marché concernant les futures décisions de la BCE. Notamment, le marché prévoit une nouvelle baisse de taux de 25 points de base (pb) en ce début d’année. Les attentes de marchés suggèrent également que la banque centrale pourrait réduire les taux jusqu’à 100 points de bases d’ici novembre 2025.
La croissance du PIB de la zone euro a considérablement ralenti depuis la pandémie, enregistrant seulement 0,1% en 2023 et une prévision de 0,8 % en 2024, selon le FMI. De plus, l'inflation dans la zone euro a finalement été maîtrisée en 2024, clôturant l'année à 2,44 %, avec des prévisions du FMI estimées à 2 % pour 2025. Ces perspectives laissent penser que la BCE pourrait maintenir une politique accommodante pour soutenir l’activité économique.
De futures baisses de taux de la BCE réduiraient les coûts d'emprunt dans la zone euro et, par conséquent, les rendements des OAT (actuellement à 3,38 % pour les maturités à 10 ans) les rendant plus attractives pour les investisseurs à la recherche de rendements stables. Des taux plus faibles pourraient aplatir la courbe des rendements, en réduisant l’écart entre les rendements à court terme et à long terme, ce qui reflète souvent des attentes de croissance modérées et un environnement économique moins dynamique. Si ces baisses s'accompagnent d’un programme d’assouplissement quantitatif, où la BCE rachète directement des obligations souveraines, la demande pour les OAT pourrait encore augmenter, réduisant leur disponibilité sur le marché et renforçant leur liquidité et leur attrait en tant qu’actifs sécurisés.
Thème 3: Marché des actions
Après une année marquée par des troubles politiques et des préoccupations concernant les politiques commerciales de Donald Trump, le CAC 40 a chuté de 2 % en 2024, se retrouvant seul dans le rouge parmi les principaux indices boursiers. Ce graphique ci-contre illustre la distribution des taux de croissance annuels du CAC 40 depuis 1965. Cela contraste fortement avec la hausse de 6 % du Stoxx Europe 600 et la hausse de 15% du Dax, soulignant les défis auxquels le marché français est confronté.
Le secteur technologique du CAC 40 a connu une baisse notable de 28 % en 2024, principalement en raison de la performance de titres majeurs comme Dassault Systèmes, Capgemini et STMicroelectronics. Dassault Systèmes a enregistré une chute de 22 % de son prix de l’action après avoir révisé deux fois ses prévisions de revenus en 2024. Capgemini a connu une baisse de 17 % en raison de retards dans les commandes, ce qui a entraîné une révision de ses objectifs de bénéfices pour 2024. STMicroelectronics a subi une baisse significative de 46 %, impactée par des défis dans l'industrie des semi-conducteurs, y compris des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et une concurrence accrue.
Le secteur des produits de luxe, un pilier fondamental du CAC 40, a lui aussi a subi des revers significatifs en 2024. Ces entreprises phares comme LVMH et Kering ont enregistré des baisses marquées de leurs valeurs boursières, respectivement de 15 % et 41 %. Ce recul s’explique en partie par leur forte dépendance au marché chinois, qui peine à se redresser après la pandémie. Les défis économiques de la Chine sont illustrés par son indice de confiance des consommateurs, qui reste faible à 86, reflétant une prudence persistante.
Thème 4: Marché des changes
L'euro s'est déprécié significativement face à de nombreuses monnaies en 2024, une tendance qui semble se poursuivre depuis le début de l'année. Ce graphique illustre comment les performances de l’euro ont été influencées par des événements géopolitiques et monétaires, mettant en évidence une pression accrue sur la zone euro face aux évolutions mondiales.
La première annonce de baisse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne a eu un impact instantané sur l’euro, qui affiche depuis des pertes significatives, notamment face au yuan et au dollar. Les taux d’intérêt jouent un rôle clé dans la solidité d’une devise, car ils déterminent le rendement des investissements libellés dans cette monnaie. Les pays offrant des taux d’intérêt élevés attirent généralement davantage de capitaux, ce qui renforce leur devise. À l’inverse, la baisse des taux d’intérêt affaiblit l’euro. Le Brésil, après trois baisses consécutives, a relancé un cycle de hausse des taux, ce qui explique le renforcement de l’euro face au real sur cette période.
Enfin, seul le taux de change de la livre sterling reste relativement stable, suggérant que les économies de la zone euro et du Royaume-Uni pourraient partager des défis similaires ou adopter des trajectoires monétaires comparables. Pour la France, si l’euro continue de perdre de la valeur et que l’instabilité politique persiste, les investissements étrangers risquent de diminuer drastiquement, ce qui pourrait peser lourdement sur la croissance économique du pays.
Thème 5: Crédit
Les prêts non performants, également appelés créances douteuses, constituent un indicateur des conditions économiques, car ils reflètent la capacité des emprunteurs à honorer leurs engagements dans les délais prévus. La Banque centrale européenne (BCE) a pour mission d’éviter l’accumulation de ces prêts non performants, afin de préserver la stabilité du système bancaire.
Depuis le premier trimestre 2022, les prêts non performants ont augmenté de 0,4 % en France. Cette hausse est liée à plusieurs facteurs, notamment la guerre en Ukraine et en Russie, qui a provoqué une forte hausse de l’inflation, réduisant par conséquent la capacité de remboursement des emprunteurs. Depuis le quatrième trimestre 2022, la part de ces créances douteuses en France a dépassé celle de l’ensemble de la zone euro, indiquant une dégradation de la situation hexagonale.
En juin 2024, la BCE a entamé un cycle de réduction des taux d’intérêt pour stimuler la consommation des ménages et, par conséquent, soutenir la croissance en Europe. En principe, si le pouvoir d’achat progresse et que l’inflation se stabilise autour de l’objectif de 2 %, cette politique pourrait freiner la hausse des créances douteuses amorcée en 2022, et produire ses effets positifs dès le troisième trimestre 2024.
Mais avec le retour de Donald Trump au pouvoir, le risque de nouveaux tarifs douaniers pourrait relancer l’inflation en France. Cette perspective menacerait également les marchés boursiers et, par conséquent, pourrait peser sur l’économie de manière générale.