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October 21, 2024

La revue française

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Thème 1: Macro & Leading Indicators

Après un dérapage marqué en 2023 du déficit public français atteignant 5,5 % du PIB, la trajectoire pour 2024 s'annonce encore plus préoccupante, avec une prévision tablant sur 6,1 %, bien au-dessus de la limite des 3 % fixée par l’UE.

Les obligations liées aux retraites et les salaires du secteur public continuent d’exercer une forte pression sur les finances publiques.

Depuis la crise financière de 2008, l'écart entre les dépenses publiques de la France et la moyenne de la zone euro s'est creusé d'environ 2 points de pourcentage. Bien que les dépenses liées à la protection sociale et à la santé aient augmenté à un rythme similaire à celui des autres pays de la zone euro, la France a notablement intensifié ses dépenses dans les "affaires économiques" — regroupant l'industrie, le marché du travail et l'énergie.

Les propositions de Michel Barnier visant à réduire le déficit budgétaire, comprenant des hausses d'impôts et des réductions de dépenses, ont été partiellement adoptées. Le plan, qui prévoit 60 milliards d'euros d'économies pour 2025, a déjà suscité de vifs débats au sein du Parlement. Certaines mesures, comme une taxe sur les rachats d'actions des grandes entreprises, ont été validées. Toutefois, la situation politique demeure tendue, et des ajustements sont encore possibles lors de l'examen parlementaire complet du budget.

Thème 2: Fixed Income

Après une tendance à la baisse des rendements des obligations d’État de 2021 à mi-2023, qui a indiqué une plus grande confiance dans le marché obligataire, le rendement de référence à 10 ans des obligations d’État s’est stabilisé à environ 9,5 % à 10 % au début de 2024.

Après trois années consécutives de pression inflationniste, l’IPC français semble enfin s’être aligné plus près de la cible d’inflation de la Banque centrale. Cette stabilisation, malgré une certaine volatilité en 2023, laisse à penser que le sentiment du marché autour de la dette publique française a atteint un niveau plus prévisible, probablement soutenu par des facteurs macroéconomiques plus stables. Le modèle présenté comprend plusieurs variables clés, notamment l’IPC annuel, les PMI manufacturiers, les faillites d'entreprises, le chômage et les changements de taux d’intérêt.

Le changement de gouvernement récent a peut-être introduit une certaine incertitude sur le marché, les préoccupations relatives à l’augmentation des déficits et à la gestion budgétaire devenant plus prépondérantes. Bien que les indicateurs économiques récents laissent entrevoir un potentiel d’amélioration de la confiance des investisseurs, la viabilité des finances publiques demeure un sujet clé de discussion. Les participants au marché suivent de près l’évolution des recettes fiscales, des dépenses publiques et de la demande des consommateurs, car ces facteurs seront essentiels pour stimuler la croissance économique au quatrième trimestre de 2024.

Bien que la volatilité passée des rendements obligataires et les défis mondiaux actuels puissent influencer les mouvements futurs, les investisseurs continueront de surveiller les signaux macroéconomiques de ce modèle pour déterminer leur positionnement sur les marchés obligataires.

Thème 3: Actions et allocation d'actifs

Liées de près aux tendances de confiance économique des investisseurs et des consommateurs, certaines industries du CAC40 ont subi des pertes importantes depuis le 21 septembre, entraînant une croissance quasi nulle de l’indice global.

Le secteur de la technologie a particulièrement souffert ce mois-ci, principalement en raison de la baisse continue liée aux défis apportés par l’intelligence artificielle, qui pèse lourdement sur les entreprises du secteur, avec Dassault Systèmes en chute de plus de 10 % en un mois. Le secteur de l’énergie est également affecté, influencé par les tensions au Proche et Moyen-Orient, provoquant une baisse de 4,6 % pour TotalEnergies.

Les biens de consommation ont, quant à eux, montré leur résilience. Bien que cette industrie soit habituellement marquée par une forte volatilité, elle a réussi à limiter les pertes avec une croissance proche de zéro, malgré les annonces du Premier ministre concernant les efforts collectifs de réduction de la dette, susceptibles d'influencer le sentiment des consommateurs.

À l’inverse, les valeurs industrielles se distinguent par de bonnes performances, soutenues principalement par Airbus, qui affiche une croissance de 6 % face à la chute de son concurrent américain.

ArcelorMittal progresse de 7,5 %, grâce à son programme de rachat d’actions, qui renforce efficacement le bénéfice par action et témoigne de la confiance de l’entreprise en son avenir, permettant ainsi aux matériaux de base de se maintenir légèrement au-dessus de zéro.

Finalement, le CAC40 résiste à la tourmente fiscale française avec une performance globale correcte, même si 5 des 9 secteurs sont en recul. Ce mois d’octobre s'inscrit dans la tendance historique saisonnière du CAC. Cependant, les investisseurs peuvent espérer une hausse significative en novembre, ce qui laisse entrevoir de potentielles opportunités d’arbitrage intra-marché.

Thème 4: Crédit

À la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la France a suscité des inquiétudes géopolitiques, s'ajoutant aux dégradations de S&P Global et Fitch Ratings en mai et avril. Le graphique ci-dessus montre que l'indice souverain IG français a dépassé celui de la zone euro, tendance apparemment déclenchée par la décision présidentielle de juin et amplifiée par les législatives et la nomination tardive de Michel Barnier le 5 septembre 2024.

L'aptitude d’un pays souverain à percevoir des recettes fiscales et sa capacité à imprimer de la monnaie soutiennent la confiance des investisseurs et des agences de notation. La politique a, certes, secoué les investisseurs, mais c'est surtout le problème pressant du remboursement de la dette, et naturellement, celui des obligations d'État qui inquiètent. Parce que celles-ci sont émises grâce à la trésorerie souveraine, la baisse des recettes fiscales et l'augmentation des dépenses publiques ont affecté drastiquement la capacité de la France à rembourser ses obligations souveraines.

La France, étant membre de la zone euro, a peu, voire pas, la capacité d'influencer ou de contrôler les politiques monétaires qui l'affectent. Elle dépend donc de la BCE pour ses politiques monétaires, la quantité de monnaie imprimée et sa souveraineté monétaire, c'est-à-dire sa capacité à évaluer ou dévaluer sa monnaie.

De ce fait, la France doit faire preuve de discipline budgétaire, souvent définie par la gestion de la dette publique, des dépenses publiques et des recettes fiscales pour s’assurer qu’elle peut remplir ses obligations — sujets qui, comme mentionné précédemment, semblent être à court de solutions.  

Thème 5: Notre prévision macroéconomique

Ce graphique présente une prévision mensuelle de l'indice de la production industrielle en France, basée sur le taux d'utilisation des capacités de production, le nombre de demandeurs d'emploi, le prix du Brent et le commerce de détail. Notre modèle prévoit une baisse de l'indice de 101,3 à 100,4 d'ici décembre 2024.

Cette baisse s'explique par plusieurs facteurs liés aux variables explicatives. Tout d'abord, le taux d'utilisation des capacités de production en France montre des signes de ralentissement, avec une baisse de 80,0 % en août 2022 à 75,8 % en septembre 2024, indiquant que les industries fonctionnent en dessous de leur plein potentiel en raison d'une baisse de la demande ou de contraintes de production.

Le prix du Brent a également connu une augmentation importante depuis septembre, en grande partie en raison des conflits géopolitiques récents, notamment la guerre entre Israël et le Hamas, ainsi que l’instabilité au Liban. Ce conflit a accru l'incertitude sur les marchés pétroliers, particulièrement avec le risque d'extension des tensions à d'autres pays producteurs de pétrole dans la région. Cela pourrait freiner la demande énergétique mondiale et, par conséquent, affecter négativement la production industrielle en France, dans un contexte économique global déjà fragilisé.

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