La revue française
Thème 1: Macroéconomie
Entre juin et novembre 2024, les trois principales économies de la zone euro sont restées bien en dessous du seuil de référence des 50 points, indiquant des contractions continues dans le secteur manufacturier. Ces données mettent en évidence un frein significatif à la croissance économique de la zone euro, le secteur manufacturier peinant à se redresser face à une demande intérieure et extérieure projetée respectivement à 1,1 % et 2,6 % pour 2024, selon les prévisions de la BCE.
En France, cette tendance contribue au ralentissement de la croissance économique. Le secteur manufacturier représentait 9,7 % du PIB de la France en 2023, et continue d’être un moteur important de la production industrielle. En mai, la production industrielle a chuté de presque 3 % par rapport à l’année précédente, et continue sa baisse jusqu’à la fin de cette année. Cette baisse est particulièrement marquée dans les secteurs de production de chaussures, d’ordinateurs et de machines agricoles et forestières, où les indices de production ont chuté respectivement de 36 %, 23 % et 23 % depuis l’année dernière.
Cependant, l’indice « New Orders », même s’il est faible à 41,6, démontre une tendance haussière pouvant présager un rebond dans les mois à suivre. Même si les PMI sont des enquêtes auprès du secteur privé qui ne constituent pas des indicateurs réels, ils indiquent un potentiel redressement du secteur industriel en 2025.
Thème 2: Fixed Income
La dette émise par le gouvernement français reste sous tension et continue de se fragiliser. En début d’année, l’écart entre la France et la Grèce était de 58 bps, et s’est graduellement réduit pour finalement se situer au même point depuis le 27 novembre. L’environnement politique français s’est dégradé tout au long de l’année, et sa situation économique a eu du mal à se relever, poussant les rendements obligataires à la hausse entre janvier et juillet. Cette tendance risque de s’accentuer, alors que Michel Barnier fut forcé de démissionner à la suite de la motion de censure du 4 décembre.
La croissance faible de la France a alimenté cette tendance, mais compte tenu de sa position importante au sein de l’Europe, il y a des attentes de rebond sur les années à venir. Ces perturbations pourraient être à court terme, car elle dispose de ressources plus importantes que celles de la Grèce en dépit des incertitudes. Cependant, il est possible que cette tendance pousse les agences de notation à dégrader la note souveraine de la France, alors que S&P, Moody’s et Scope l’ont toutes dégradée une fois cette année. Les perspectives de crédit se sont toutefois légèrement améliorées pour la France, qui est à nouveau stable après une optique négative suite à la dépréciation de Scope.
Thème 3: Marché des actions
Depuis 2010, le CAC40 a enregistré une hausse de 90,0 %, plus importante que l’indice britannique FTSE à 54,3 %, mais significativement moins performante que ses homologues allemand (DAX) et américain (S&P 500), augmentant respectivement de 116,9 % et 442,8 %.
Cette année fut mouvementée pour la France, avec une instabilité politique continue, initiée par une inquiétude quant aux finances publiques, liée à un déficit public de 6 % du PIB, au-dessus de l’objectif à 5 %, et deux fois plus élevé que le taux cible de la Zone Euro à 3 %. Par conséquent, les agences de notation telles que S&P, Moody’s et Scope ont dégradé la note souveraine. Les élections américaines ont fortement affecté les marchés, dans toutes les catégories d’actifs, alors que Donald Trump prévoit une politique « America First » qui fait trembler les investisseurs européens.
Sur une note plus positive, les Jeux Olympiques ont permis un rebond de la croissance au troisième trimestre de 0,4 % au T3. La BCE a réduit ses taux quatre fois cette année, permettant d’alimenter l’économie, encourageant la consommation intérieure française, soutenue par une inflation en baisse. Également, certaines grandes entreprises comme Schneider, Hermès et Airbus ont continué à afficher des bénéfices solides en 2024, avec des performances respectives de 36,3 %, 18,2 % et 12,5 % depuis le début de l’année. D’autres entreprises ont limité les pertes, telles que Sanofi, avec une performance de 1,7 % depuis le début de l’année.
Globalement, les actions françaises ont baissé, mais ont su malgré tout résister aux chocs géopolitiques et fiscaux, avec une baisse YTD de -1,6 %.
Thème 4: Marché des changes
Au cours de l’année écoulée, l’euro a nettement reculé face à des devises majeures comme la livre sterling, le dollar américain ou le franc suisse. Cette dépréciation, illustrée par un taux de 0,831 EUR/GBP et de 1,04 EUR/USD au 9 décembre 2024, s’explique par l’atonie de la croissance européenne (0,8 % prévue en 2024) comparée à celle du Royaume-Uni (1,1 %) et par l’incertitude politique persistante.
Les tensions géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, renforcent le statut de valeur refuge du franc suisse, désormais à 0,931 EUR/CHF. Parallèlement, l’élection de Donald Trump, avec la crainte de nouvelles barrières commerciales, accentue le scepticisme des investisseurs envers la zone euro. La crise politique en France, marquée par la chute du gouvernement de Michel Barnier et l’absence de majorité claire au parlement, ajoute encore à cette nervosité.
Enfin, les baisses de taux de la BCE, destinées à soutenir une économie en perte de vitesse, ont accru la pression sur la monnaie unique. L’ensemble de ces facteurs contribue à la dépréciation de l’euro, et les acteurs des marchés financiers observent la situation sans pouvoir prédire avec certitude un éventuel redressement et une stabilité future de l’euro.
Thème 5: Crédit
Face aux doutes sur la capacité d’Emmanuel Macron à naviguer la crise politique actuelle, impliquant la possibilité d’un maintien du budget de 2024, les coûts d’emprunt grimpent (2,9 % lundi 9 décembre), le différentiel de croissance entre le financement social et la masse monétaire M2 a augmenté (3,8 points en octobre), et l’écart crédit-PIB se creuse (-15,4 % au T2).
Une croissance du financement social supérieure à celle de la masse monétaire M2 suggère un environnement où les institutions financières accordent des crédits aux entreprises et aux ménages de façon agressive, soulevant des questions sur la qualité du crédit et la stabilité financière. Si cette tendance n’est pas expliquée par un climat économique favorable, elle peut être attribuée à des mesures d’assouplissement du crédit pour stimuler la croissance. Celle-ci fut faible en 2024 (0,4 % au T3 par rapport au T2), malgré les Jeux, la baisse des taux de 100 bps de la BCE, et une inflation en baisse de 1,4 % depuis le début de l’année.
Finalement, l’écart crédit-PIB, indicateur de stress systémique produit par la BCE, permet d’évaluer la croissance du crédit par rapport à sa tendance à long terme. Cet écart est négatif depuis le T1 2023, creusé à -15,4 % au T2 2024, démontrant une capacité de crédit sous-utilisée, un recul de la confiance des prêteurs et emprunteurs, et des défis structurels à long terme, surtout en termes de réduction du déficit.