La revue française
Thème 1: Macroéconomie
Le taux de participation à la force de travail de la France, à 63,4 %, est l'un des plus bas du G10, mettant en évidence un défi structurel important sur son marché du travail. Bien que son indice de productivité de 99,5 soit proche de la moyenne de l'OCDE, il reste bien en deçà des économies leaders telles que les États-Unis (114,0), la Suisse (107,5) et le Royaume-Uni (104,5). Cette combinaison de faible participation de la main-d'œuvre et de productivité modérée soulève des inquiétudes concernant la croissance économique à long terme et la compétitivité de la France.
La participation faible de la main-d'œuvre de la France exerce une pression sur sa capacité productive et peut entraîner une réduction de la production économique globale, car le pays ne parvient pas à utiliser pleinement son potentiel de travail. En 2024, le PIB de la France a atteint 0,7 %, contre une moyenne de 0,9 % pour le G10. De plus, ce problème aggrave le ratio de dépendance de la France, qui est déjà de 62,7 % (Banque mondiale), ce qui signifie qu'une population active en déclin doit soutenir un nombre croissant de retraités et de personnes inactives.
Additionnellement, le rapport entre les actifs cotisants et les bénéficiaires des pensions se détériore progressivement, menaçant la viabilité financière du système. Par exemple, en 2022, la France comptait 30,1 millions de cotisants pour 17,0 millions de retraités, soit un ratio de 1,77 cotisant par retraité. (INSEE).
Thème 2: FX
Le rôle de l’euro dans les transactions de financement du commerce via SWIFT, actuellement à 6,5 % (Décembre 2024), joue un rôle crucial dans son influence sur le marché des changes (FX). Étant donné que le règlement du commerce international génère une demande de devises, une part plus élevée dans les transactions SWIFT renforce la liquidité et la stabilité de l’euro sur les marchés des changes.
La paire EUR/USD, la plus échangée sur le forex, reste particulièrement sensible aux flux commerciaux et aux politiques des banques centrales. Comme seule une faible part du commerce international est réglée en euros, les fluctuations des taux d’intérêt, des événements géopolitiques et des réserves mondiales ont un impact disproportionné sur la valorisation de l’euro. Par exemple, depuis que la BCE a commencé à réduire ses taux en juin 2024, l’USD/EUR a chuté de 3,55 %.
La montée du yuan chinois (CNY) à 5,98 % dans le financement du commerce représente un défi croissant. Si le yuan dépasse l’euro dans ces transactions, il pourrait rediriger la demande sur le marché des changes vers des règlements en CNY, affaiblissant potentiellement l’influence de l’euro. Cela affecterait également les réserves des banques centrales, rendant plus difficile pour l’euro de s’imposer comme une véritable alternative mondiale au dollar.
Thème 3: Equity
Ce graphique montre la prime de risque sur actions (ERP) en France, actuellement à 3,0 % (au 17/01/2025). L’ERP représente le rendement excédentaire exigé par les investisseurs par rapport aux obligations d’État. Une ERP plus faible suggère une compensation réduite du risque actions, ce qui peut indiquer une surévaluation du marché ou une confiance accrue des investisseurs.
La tendance baissière de l’ERP s’aligne avec le durcissement de la politique monétaire. Alors que la Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux tout au long de 2023, les rendements des obligations d’État ont augmenté, comprimant ainsi l’ERP. Une ERP faible suggère que le risque supplémentaire pris par les investisseurs en actions françaises n’est pas suffisamment rémunéré par rapport aux rendements des obligations d’État (OATs), les rendant moins attractives face aux alternatives sans risque.
Si la BCE poursuit ses baisses de taux en 2025, les rendements obligataires pourraient reculer, ce qui pourrait stabiliser ou même augmenter l’ERP. Toutefois, une ERP durablement faible pourrait signaler des valorisations tendues, rendant les marchés plus vulnérables aux déceptions en matière de résultats ou aux chocs macroéconomiques. À l’inverse, si la croissance économique s’accélère et que les bénéfices des entreprises s’améliorent, l’ERP pourrait augmenter naturellement, soutenant ainsi une perspective plus durable pour le marché actions.
Thème 4: Credit
2025 semble témoigner d'une amélioration du risque perçu en France. Les CDS (Credit Default Swaps) servent de garantie contre le défaut d’un emprunteur ou d’un instrument de dette sous-jacent. Des taux de CDS élevés indiquent un risque accru, souvent lié à une instabilité politique, une détérioration des conditions économiques, des préoccupations croissantes sur la dette et un stress global sur les marchés.
Depuis mi-janvier, le taux des CDS à 5 ans a baissé de 41 bps à 35bps, entraîné par une combinaison de facteurs qui témoignent d’une amélioration des conditions économiques en France. Le CAC 40 a débuté l'année avec une performance notable de près de 9 % YTD, contre 3% pour le S&P 500 et presque 8% pour le FTSE 100 le PIB au T4 2024 a augmenté de 0,7 % par rapport à l’année précédente, et l’IPC est resté stable en janvier à 1,4 % sur un an, tout en enregistrant une baisse de 0,1 % depuis décembre.
Si la publication de ces résultats montre une évolution positive par rapport à l’an dernier, la confiance générale s’est également renforcée avec l'approbation du budget de François Bayrou, qui stabilise enfin les conditions politiques.
Malgré la proactivité de Donald Trump depuis sa prise de fonction le 20 janvier, la France reste pour l’instant résiliente et se prépare à réagir aux pressions d’une guerre commerciale avec les États-Unis.
Thème 5: Fixed Income
Les décisions de la BCE ont eu un impact significatif sur l'Euro Corporate Index, révélant la sensibilité du marché obligataire aux ajustements de la politique monétaire. La première hausse des taux post-Covid du 21 juillet 2022 a entraîné une augmentation marquée de l'indice, passant de 100 six mois avant la réunion à 189 au moment de l'annonce, et poursuivant sa progression jusqu'à 221 trois mois après. Cette évolution reflète la réaction immédiate des marchés face à une politique monétaire plus restrictive.
La dernière hausse de 75 points de base le 27 octobre 2022 a marqué un tournant, avec un pic de l’indice à 219 au moment de la réunion, suivi d’une baisse progressive à 149 trois mois après. Cette évolution suggère un ajustement du marché aux perspectives de stabilisation des taux.
Les premières baisses de taux de la BCE, le 6 juin 2024 et le 30 janvier 2025, ont été accompagnées d’un recul de l’indice, traduisant un assouplissement des conditions financières. En amont de la première baisse, l’indice a chuté de 143 six mois avant à 107 lors de la réunion, illustrant l'anticipation par les investisseurs d’un relâchement monétaire. Cette tendance s’est confirmée avec la dernière baisse de janvier 2025, où l'indice est passé de 111 six mois avant la décision à 91 au moment de l'annonce.
Ces fluctuations mettent en évidence l’impact immédiat des décisions de la BCE sur les spreads des obligations d’entreprises en zone euro, les hausses de taux ayant initialement provoqué un élargissement des spreads, tandis que les anticipations de baisses ont conduit à un resserrement progressif du marché.